À Landerneau, l’église Saint-Thomas n’a pas de secret pour Lucas Derrien

Sous les lattes bleutées de la charpente de l’église Saint-Thomas à Landerneau, un petit groupe suit un jeune homme et boit ses paroles. Lucas Derrien, étudiant en histoire de l’art à l’Université de Rennes 2, réalise bénévolement des visites de l’édifice religieux. Il accueille une cinquanteaine de personnes par jour pour l’association Sauvegarde du patrimoine religieux en vie (Sprev). Le petit groupe s’arrête devant une statue de Saint-Yves, Saint patron des Bretons et des avocats, représenté avec un sac à la main. « C’est dans ce sac qu’étaient rangés les papiers lorsqu’un jugement était rendu, c’est de là que vient l’expression « L’affaire est dans le sac ! »», partage le guide de 21 ans.

Des visites interactives et rapides

D’autres Saints sont passés en revue : Saint-Sébastien, criblé de flèches par les Romains ; Saint Nicolas, avec une croix surmontée d’un Triskell. « Et là, quel Saint peut être représenté ? », demande Lucas, devant la statue d’un homme terrassant un dragon. « Ça pourrait être l’archange Saint-Michel, mais vu qu’il n’a pas d’ailes, c’est Saint-Georges ». Le passionné de médiation a conscience qu’il faut faire participer son public pour le maintenir en vie. « Surtout quand il y a des jeunes. Et il faut que ça soit rapide, ça ne doit pas durer 40 minutes ! ».

Des moments courts, mais ponctuels d’anecdotes. « Cette vierge parturiente – c’est-à-dire en train d’accoucher – se trouvait sous le porche de l’église, couvert de fientes d’oiseau », rapporte Lucas Derrien. En 2016, ce morceau du patrimoine a été restauré et se trouve depuis à l’abri des éléments. Et toutes les histoires n’ont pas nécessairement un lien avec la religion. Le bénévole de Sprev, qui lui-même n’est pas croyant, trouve des indices sur la vie de l’époque, et parfois la mort. « Sous l’église, il y avait un caveau pourrissoir, pour y entreposer des restes humains ». Une fois suffisamment décomposés, les restes étaient récupérés pour nourrir les ossuaires, très présents en Bretagne, portée culturellement sur le culte de la mort.

Vices et vertus

Des scènes de la vie quotidienne peuvent aussi être sculptées sur les sablières. Ces frises se trouvent à la rencontre des murs de l’église avec les voûtes. « Ici, il y en a une avec des cochons et un tonneau de vin », décrit-il. Vraisemblablement un message pour la tempérance, selon le guide. « Ces œuvres parlent des vices et vertus des péchés capitaux mais aussi de la vie paysanne », explique le Briochin. Lucas Derrien évoque également une personne aux jambes écartées, à l’église Saint-Yves de la Roche Maurice. Une scène obscène dans un lieu saint ! « Si vous regardez ce personnage, c’est que vous vous détourniez de la messe et donc de Dieu », explique le passionné d’art.

Pratique

Visite guidée à l’église Saint-Thomas-de-Cantorbéry et à l’église Saint-Yves de la Roche Maurice, du dimanche après-midi au vendredi soir de 10 h 30 à 18 h. Il n’y aura plus de visites après le 23 août.